Jean Gotschaux (1919-2002)

Jean Gotschaux, alias Jean Faverau, numéro 167 au registre du maquis de Vabre. Employé de banque. Sous-lieutenant adjoint au chef de la troisième section de la deuxième compagnie.

  • 1919 : naissance le 7 août à Paris.
  • 1940 : mobilisé le 8 juin en qualité d’élève-officier de réserve au 134ème régiment d’infanterie.
  • 1942 : rejoint le chantier rural EIF de Lautrec.
  • 15 mai 1944 : montée au maquis de Vabre.
  • 8 août 1944 : mort de son frère Roger Gotschaux durant l’attaque de Laroque.
  • Septembre 1944 : engagé volontaire pour la durée de la guerre, incorporé au 12ème régiment de Dragons.
  • 2002 : décès le 29 août à Paris.

Homologué FFI, dossier disponible sur demande.

Cité dans le livre “Le Chargeur n’a que vingt balles”, pages 28, 31, 68, 127,

  • Jean Gotschaux : “Fin 1942, après l’invasion de la zone libre, je suis parti pour Lautrec, chez Gamzon. J’ai trouvé les gens du midi plus chaleureux que ceux des Alpes. Le maire de Grenade-sur-Garonne m’a donné une fausse identité. Les fermiers, aux alentours de Lautrec, avaient pour nous une sympathie active, ce n’était pas de la pitié. À Castres, Gamzon et moi n’étions pas vraiment cachés, les gens ne recherchaient pas la délation, la pression des allemands surtout des “territoriaux”, n’était peut-être pas très forte. Et puis, il y avait une population protestante qui avait une meilleure connaissance du judaïsme : pour eux, le juif n’était pas le descendant du diable.”
  • Jean Gotschaux : “Pourquoi avons nous tous tant tardé à parler de nos souvenirs ? Peut-être parce qu’il faut qu’ils mûrissent et maintenant nous approchons de l’âge de la retraite. Au sujet de l’Holocauste, ça a été une découverte atroce parce que nous ne savions pas. Nous savions les massacres, les déportations mais nous n’en savions pas la fin et le but. C’est à La Malquière, dans les premiers mois de 1944, que nous avons appris les chambres à gaz par une agente de liaison de l’armée juive. Elle nous l’a dit, nous l’avons mais c’était ultra-dimensionnel. La population, elle, ne savait pas. C’est dur de juger, c’est dur d’être historien. Au maquis nous avions une spécificité juive, mais dans une ambiance scoute. On marquait le coup pour le sabbat, on chantait au début du repas, il n’y avait pas de raison qu’on ne le fasse pas, comme les catholiques ou les protestants l’auraient fait. L’ambiance était beaucoup plus scoute que militaire.”
  • Jean Gotschaux : “Je ne suis monté au maquis que le 6 juin. J’allais souvent à la Malquière mais je pensais que c’était une erreur de monter au maquis trop tôt. Quand on prenait le petit train sur la place de l’Albinque, on savait qu’on n’aurait plus de problèmes : au bout de quelques kilomètres c’était le territoire de la population montagnarde. On était chez elle, c’était une sorte de symbiose. Le côté géographique comptait, mais ce n’était pas seulement ça. Les gens prenaient des risques, ils savaient que nous étions juifs mais cela n’avait pas d’importance pour eux.”
  • Robert Gamzon : “Cinq heures de l’après-midi. Nous sommes assis dans une grange, nous creusant la tête pour refaire le carnet d’effectifs et savoir vraiment qui nous manque. Jean Gotschaux est là, son frère est parmi les manquants. Gérard Horowitz est là, son frère est parmi les manquants. Gilbert Bloch n’a pas reparu. Tout à coup, un garçon arrive en courant, la figure décomposée. “On les a trouvés.” Il a une telle expression qu’il est inutile de demander comment on les a retrouvés. Jean Gotschaux devient tout pâle et dit : “Bien, j’ai compris.” Il se lève et s’en va.”

Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense, Insee.