Jean Cadier (1898-1981)

Jean Cadier, numéro 445 au registre du maquis de Vabre. Pasteur. Aumônier protestant de la zone A des FFI du Tarn.

  • 1898 : naissance le 1er juillet à Vabre.
  • 1916 : mobilisation durant la Première Guerre mondiale.
  • 1923 : soutenance de sa thèse à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.
  • 1939-1940 : aumônier de la 3ème armée, fait prisonnier pendant un mois à Saint-Dié.
  • 1940-1944 : professeur à la Faculté de théologie protestante de Montpellier. Pasteur au temple de la rue Brueys et proche de la Résistance de Montpellier.
  • 1941 : co-signataire des “Thèses de Pomeyrol”, texte de résistance chrétienne aux totalitarismes nazies et vichystes.
  • 1943-1945 : membre du Comité départemental de Libération de l’Hérault. “Depuis l’été 1943, monsieur le pasteur Cadier a fait partie du comité directeur départemental de cette organisation (Front national) et y a collaboré très activement jusqu’à son départ au maquis en juin 1944. Il a fait partie du premier comité régional de Libération en octobre 1943 et outre son travail de direction a coopéré personnellement à la diffusion de tracts et journaux clandestins, à l’hébergement de réfractaires et à l’armement des FTPF, à l’organisation des départs au maquis.”
  • 9 juin 1944 : perquisition de la Gestapo à son domicile de Montpellier. Averti, Jean Cadier prend la fuite en direction de Vabre. “Sa tête est mise à prix pour 1,5 million de francs. Il avait abrité chez lui des persécutés de toute sorte, en lien avec l’Armée du Salut et les dominicains et dominicaines de la ville. Un premier refuge lui avait été trouvé dans une maison de repos pour “malades mentaux”, titre utile pour cacher des suspects. Grâce à la présence d’esprit de son fils et de sa femme qui le préviennent d’une rafle en cours, il peut partir pour le Tarn où sa famille le rejoindra plus tard. Dans toute cette activité le pasteur Cadier a fait preuve d’un patriotisme éclairé et intransigeant.”
  • Juillet 1944 : montée au maquis de Vabre. “Pendant cette période il a entièrement participé à la vie et à l’action du maquis, apportant à tous les hommes le réconfort constant de sa présence.”
  • 1944-1945 : incorporé au 12ème régiment de Dragons, aumônier militaire.
  • 1945-1968 : professeur de dogmatique à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.
  • 1981 : décès à Montpellier.

Cité à l’ordre de l’armée, cité à l’ordre de la division.

Homologué FFI, dossier disponible sur demande.

Cité dans le livre “Le Chargeur n’a que vingt balles”, pages 47, 79, 129, 132, 206.

  • André Combes : “Nos maquis, en plus des Juifs assez nombreux, qui constituaient un groupe à eux seuls, nous étions une forte proportion de protestants. Parfois, nous nous rendions au culte à Vabre. Mais nous étions aussi visités par tel ou tel pasteur de Vabre (Cook, Wagner) et même Jean Cadier, professeur à la faculté de théologie de Montpellier, engagé dans la résistance et recherché par la Gestapo. Un soir Jean Cadier était parmi nous au Cros, nous avons discuté tard le soir. Trop tard pour le laisser repartir seul à Vabre. J’ai eu l’honneur de lui faire une place dans la paille et nous avons dormi côte à côte.”
  • Guy de Rouville : “Certains se souviennent des Allemands cherchant une maison à terrasse. Il y avait bien la maison Cabrol, notre agent voyer, mais ils n’y trouvèrent que monsieur Sans et des joueurs de bridge ! Le maire avait montré une maison avec terrasse, de l’autre côté du pont, qui était marquée avec une croix sur le plan du commandant autrichien : ce dernier devant l’importance du bâtiment avait crié : “Nicht maquis ! Nicht communist !” La maison était sauvée avec ses occupants : mon épouse, l’abbé Gèze ancien secrétaire de Mgr Saliège et le pasteur Jean Cadier !”
  • Robert Suc : “Ma maison, entre deux routes, comporte deux sorties, dont une presque directement vers la montagne ; c’est pourquoi les deux aumôniers, le pasteur Cadier et l’abbé Gèze, tenaient compagnie à ma mère, observant le mouvement derrière les volets mi-clos, prêts à s’esquiver à la première alerte.”
  • Odile de Rouville : “Parmi nos hôtes suspects, il y avait régulièrement nos aumôniers protestants (le pasteur Jean Cadier) et catholique (Gèze) qui disaient alternativement aux repas un bénédicité œcuménique.”

Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense.

Un jour, je fus convoqué au Vigan par le sous-préfet qui d’emblée me dit : “Je voudrais que vous avertissiez les pasteurs de la région d’être plus modérés dans leurs prédications, sur le plan politique”. “Monsieur le Préfet”, lui répondis-je, “vous savez combien il est difficile d’intervenir dans ce domaine de la prédication, où nous devons laisser aux pasteurs une entière liberté d’expression, en présence de Dieu”. “Je veux bien”, me dit-il, “mais je veux que vous sachiez que toute parole prononcée du haut de la chaire est notée et que cela pourrait valoir des représailles par les autorités d’occupation. Tenez, je vais faire pour vous quelque chose que je ne fais jamais”. Et ouvrant devant moi un dossier, il me montre les rapports de police où tous les sermons étaient résumés et les paroles jugées séditieuses relevées. Tel dimanche, untel a dit… Je fus abasourdi.

Jean Cadier, “Quelques souvenirs de la Résistance”, 26 mai 1975

Un jour, les allemands vinrent à Vabre, ils incendièrent un garage et une maison, puis installèrent une mitrailleuse à l’entrée du pont qui surmonte le Gijou. A l’autre bout du pont, il y avait le château des de Rouville où nous logions, mais qui était désert à l’approche des allemands. Seuls étaient restés l’abbé Gèze et moi. Cachés derrière des buissons du parc, nous attendions. Mais les allemands n’ont pas franchi le pont, comme arrêtés par une main invisible. Or s’il y avait une maison à brûler à Vabre, c’était bien le château, le PC du maquis. Mais il était miraculeusement protégé.

Jean Cadier, “Quelques souvenirs de la Résistance”, 26 mai 1975

Ci-dessous : Au verso d’un papier à entête du Syndicat Intercommunal d’électrification que préside Henry de Rouville, le père de Pol Roux, le pasteur Jean Cadier a dactylographié pour la famille qui le reçoit les “thèses de Pomeyrol”. Discrètement plié en quatre et dissimulé dans un livret, ce papier vient d’être retrouvé lors d’un triage de volumes sur le scoutisme, pour être donné au Musée du Protestantisme de Ferrières (Tarn).

Recto : Moitié d’une page à entête du Syndicat Intercommunal d’Électrification
Verso : texte du Pasteur Jean Cadier